jeudi 7 avril 2016

Techno Classica 2016 : Porsche Classic restaure une 911 « Française »

Produite à seulement 24 exemplaires à 49.680 marks (environ 82.000 francs à l’époque), la Porsche 911 2.5 S/T était une version de compétition destinée aux Groupe 3 et 4, achetée par le pilote américain Michael Keyser en novembre 1971. Ce dernier l’a pilotée en 1972 avec son ami allemand Jürgen Barth – pilote usine Porsche devenu plus tard vainqueur des 24H du Mans 1977) – et l’a emmenée sur les 12H de Sebring, les 1.000 km du Nürburgring, la Targa Florio, et bien entendu les 24 Heures du Mans, où la Porsche a remporté sa catégorie GT moins de 3 litres et terminé 13ème du classement (photo de l'époque ci-dessous).





Une Porsche 911S avec des numéros de course, on en voit treize à la douzaine dans le moindre salon d’anciennes. Sauf que la 2,5 S/T exposée par Porsche au Techno Classica 2016 a remporté les 24 heures du Mans 1972 (en GT.) Et c’est également un bel exemple de voiture « sauvée ».
La Porsche 911S/T est une évolution compétition de la 911S (type F6.) Le moteur passe de 2,4l à 2,5l et de 190ch à 270ch. La masse, elle, descend de 1050kg à 960kg. Une transformation facturée 19 000 DM, ce qui pousse la facture à 49 680 DM.
Mike Keyser s’en offre deux en novembre 1971, alors que la 911S/T vient tout juste d’apparaitre au tarif. Cela fait quelques années qu’il écume les épreuves US avec une vieille 911 S, sous la bannière du « Toad Hall Racing ». Lors des 6 heures de Watkins Glen, un concurrent lui rentre derrière et la voiture est fichue.
Avec la première, Keyser compte courir aux Etats-Unis. En parallèle, avec la seconde, il projette de disputer le championnat du monde des marques. Porsche lui détache Jürgen Barth, futur patron de la compétition du constructeur (et futur « B » du BPR.)
La voiture débute aux 6 heures de Daytona, avec Keyser et Barth au volant. Puis elle dispute ensuite les 12 heures de Sebring, la Targa Florio et les 1000km du Nürburgring. Keyser se fait accompagner d’une équipe de film. A plusieurs reprises, la voiture embarque une caméra.
Puis c’est Le Mans. La voiture fait un détour par les ateliers de Louis Meznarie. Ancien sorcier des NSU TT/TTS, le préparateur de l’Essonne s’est reconverti dans les 911 S. Barth le connait pour avoir piloté une de ses voitures en 1971. Sylvain Garant, déjà vu dans la Sarthe (et qui pilote d’ordinaire l’ex-voiture de Barth), rejoint le duo. Comme chaque année, il y a pas mal de 911S sur la ligne de départ. Mais 24 heures plus tard, seule la S/T de Keyser/Barth/Garant est toujours en piste. 13e (sur 18), elle remporte au passage le GT (moins de 5l.)

Des rushs d’images de course, Keyser tire The speed merchants. Il embauche Mario Andretti et Vic Elford pour les voix off. En 1973, Porsche dévoile la Carrera RS ; la S/T est ringardisée. Keyser ne tarde pas à revendre ses deux voitures, pour s’offrir un exemplaire de la nouvelle.
On perd leur trace. Un collectionneur américain identifie une épave comme la voiture du Mans 1972. Très corrodée, elle a été repeinte en bleu et rouge, puis maquillée en 911 « G » (modèle avec pare-chocs « sécuritaires ».) De plus, elle s’est prise un violent choc à l’arrière, qui a été mal réparé. Enfin, des enfants se seraient servi du toit comme d’un toboggan, sans aucun égard pour leur « aire de jeu ».
Un gros travail de tôlerie et de remplacement des panneaux pourri ou tordu est effectué. Puis elle reprend le jaune « Toad Hall » agrémenté des flèches chères à Meznarie.
Les puristes râleront qu’à part le châssis, cette voiture n’a plus grand chose de celle de 1972. Les sceptiques remettront en doute la véracité cette voiture authentifiée par Keyser. D’autant plus qu’il avait fait juste avant un tutoriel pour expliquer comment transformer n’importe quelle 911 en réplique des S/T « Toad Hall ». En prime, l’accident à l’arrière rappelle la mésaventure de la 911 S. Les autres l’admireront au Techno Classica d’Essen.


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