Produite à seulement 24 exemplaires à 49.680 marks (environ 82.000 francs à l’époque),
la Porsche 911 2.5 S/T était une version de compétition destinée aux Groupe 3
et 4,
achetée par le pilote américain Michael Keyser en novembre 1971. Ce dernier
l’a pilotée en 1972 avec son ami allemand Jürgen Barth – pilote usine Porsche devenu
plus tard vainqueur des 24H du Mans 1977) – et l’a emmenée sur les 12H de
Sebring, les 1.000 km du Nürburgring, la Targa Florio, et bien entendu
les 24
Heures du Mans, où la Porsche a remporté sa catégorie GT moins de 3 litres et
terminé 13
ème du classement (photo de l'époque ci-dessous).
Une Porsche
911S
avec des numéros de course, on en voit treize à la douzaine dans le
moindre salon d’anciennes. Sauf que la 2,5 S/T exposée par Porsche au
Techno Classica 2016 a remporté les 24 heures du Mans 1972 (en GT.) Et
c’est également un bel exemple de voiture « sauvée ».
La Porsche 911S/T est une évolution compétition de la 911S (type F6.)
Le moteur passe de 2,4l à 2,5l et de 190ch à 270ch. La masse, elle,
descend de 1050kg à 960kg. Une transformation facturée 19 000 DM, ce qui
pousse la facture à 49 680 DM.
Mike Keyser s’en offre deux en novembre 1971, alors que la 911S/T
vient tout juste d’apparaitre au tarif. Cela fait quelques années qu’il
écume les épreuves US avec une vieille 911 S, sous la bannière du « Toad
Hall Racing ». Lors des 6 heures de Watkins Glen, un concurrent lui
rentre derrière et la voiture est fichue.
Avec la première, Keyser compte courir aux Etats-Unis. En parallèle,
avec la seconde, il projette de disputer le championnat du monde des
marques. Porsche lui détache Jürgen Barth, futur patron de la
compétition du constructeur (et futur « B » du BPR.)
La voiture débute aux 6 heures de Daytona, avec Keyser et Barth au
volant. Puis elle dispute ensuite les 12 heures de Sebring, la Targa
Florio et les 1000km du Nürburgring. Keyser se fait accompagner d’une
équipe de film. A plusieurs reprises, la voiture embarque une caméra.
Puis c’est Le Mans. La voiture fait un détour par les ateliers de Louis
Meznarie. Ancien sorcier des NSU TT/TTS, le préparateur de l’Essonne
s’est reconverti dans les 911 S. Barth le connait pour avoir piloté une
de ses voitures en 1971. Sylvain Garant, déjà vu dans la Sarthe (et qui
pilote d’ordinaire l’ex-voiture de Barth), rejoint le duo. Comme chaque
année, il y a pas mal de 911S sur la ligne de départ. Mais 24 heures
plus tard, seule la S/T de Keyser/Barth/Garant est toujours en piste.
13e (sur 18), elle remporte au passage le GT (moins de 5l.)
Des rushs d’images de course, Keyser tire
The speed merchants.
Il embauche Mario Andretti et Vic Elford pour les voix off. En 1973,
Porsche dévoile la Carrera RS ; la S/T est ringardisée. Keyser ne tarde
pas à revendre ses deux voitures, pour s’offrir un exemplaire de la
nouvelle.
On perd leur trace. Un collectionneur américain identifie une épave
comme la voiture du Mans 1972. Très corrodée, elle a été repeinte en
bleu et rouge, puis maquillée en 911 « G » (modèle avec pare-chocs
« sécuritaires ».) De plus, elle s’est prise un violent choc à
l’arrière, qui a été mal réparé. Enfin, des enfants se seraient servi du
toit comme d’un toboggan, sans aucun égard pour leur « aire de jeu ».
Un gros travail de tôlerie et de remplacement des panneaux pourri ou
tordu est effectué. Puis elle reprend le jaune « Toad Hall » agrémenté
des flèches chères à Meznarie.
Les puristes râleront qu’à part le châssis, cette voiture n’a plus grand
chose de celle de 1972. Les sceptiques remettront en doute la véracité
cette voiture authentifiée par Keyser. D’autant plus qu’il avait fait
juste avant un tutoriel pour expliquer comment transformer n’importe
quelle 911 en réplique des S/T « Toad Hall ». En prime, l’accident à
l’arrière rappelle la mésaventure de la 911 S. Les autres l’admireront
au Techno Classica d’Essen.